Reflexions à Santiago

Publié le par Pélerins de St Jacques

"Un pélerin ne revient jamais chez lui sans un préjugé en moins et une idée en plus."
 (Thomas More)

Nous y sommes à Santiago ! Santiago, si loin il y a 2 mois. Pensez donc, plus de 1500 km à faire à pied ! Jamais nous y arriverons ! Et bien si, nous avons touché le but de notre périgrination. Il suffit de s'obstiner jour après jour ; de mettre un pied devant l'autre... 35000, 45000 fois par jour. Etait-ce bien raisonnable ? est-ce que cela en valait le coup ?

Oui, nous avons souffert de la chaleur dans l'Aubrac et les Causses. Oui nous avons courbé l'échine sous la pluie à plusieurs reprises. Oui, nous avons trébuché sur des chemins caillouteux ... et dans les escaliers,  peiné sur des pentes raides, cherché nos appuis dans des descentes peu sûres, hésité sur le chemin à prendre... Etait-ce bien raisonnable d'entreprendre tout cela ?

Les pélerins, au moyen-âge, étaient encore bien mois raisonnables que nous. N'est-il pas dans la nature de l'être humain d'aller au-delá ? ULTREIA : plus haut, plus loin...

A nous les paysages sans cesse renouvellés, l'Aubrac verdoyante, les Causses arides, le Gers dessèché, les vignes de l'Armagnac, les vallonnements du pays basque, les Pyrénées et le col de Ronceveaux, les vignes de la Rioja, les plateaux infinis de la Meseta, les Sierras à traverser et enfin, la Galice, si douce et si verte.  A nous les aubes nouvelles flamboyantes à l'Orient.

A nous surtout les rencontres d'un jour, d'une semaine et parfois beaucoup plus. A nous les échanges avec des personnes jusqu'alors inconnues. A nous les liens qui se tissent, les retrouvailles dans de grandes embrassades, les repas le soir entr'amis ou nous avons partagé le " menu del peregrino".

A nous les richesses de l'architecture accumulées au cours de plus de 1000 ans : Conques, Moissac, Cahors, Roncevalles, Logroño, Burgos, Samos ... et Santiago. Tant et tant d'artisans et d'artistes oeuvrant, leur vie entière, pour créer ces chefs-d'oeuvres, régals pour nos yeux.

Merci à tous les "hospitaleros" qui se dévouent tout au long du chemin ; parmi les meilleurs :Jean-Marc et Marie, Jean-Michel, "Jesus", Michèle... ont fait une ou plusieurs fois le Camino. Merci à tous ceux qui ont oeuvré pour créer et entretenir ce chemin que tant de pélerins ont foulé avant nous.

Et maintenant ? la vie va reprendre son cours plus ordinaire, mais il restera cette expérience unique qui change le regard sur les choses, sur les hommes. Alors, si vous êtes tenté, quelques soient vos motivations, allez-y, prenez votre bâton de pélerins ; vous trouverez sur le camino bien plus que ce que vous êtes venu y  chercher.

Dans la Cathédrale de santiago, nous avons eu une pensée pour notre famille, pour ceux qui ont fait ou commencé le camino parmi nos amis. J'ai (Hubert) ressorti le papier puisé au hasard dans la corbeille de l'abbatiale du Puy en Velay, le matin du départ et écrite par une main anonyme :

" QUE L'AMOUR, LA BEAUTE ET LA GRACE NOUS ACCOMPAGNE SUR NOTRE CHEMIN TERRESTRE. QUE NOTRE JOIE INFINIE QUI VIBRE COMME UN TRESOR CACHE DANS CHAQUE COEUR SE REVEILLE POUR CHANTER LES MERVEILLES DU MONDE VISIBLE ET INVISIBLE.
ALLELUIA"

Amen !



Daniel et Hubert

NB : le blog va continuer encore un peu pour d'autres reflexions ou infos. 

Publié dans sur le chemin

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R
<br /> Quand je suis rentré beaucoup d'amis ou de parents m'ont dit "bravo". Et dimanche, lors de la messe que j'aidais à animer je me suis demandé qui était le plus "respectable". Ceux qui marchent sans<br /> d'autres soucis que de marcher, trouver à dormir, manger ou ceux qui sont restés et doivent faire face à leurs responsabilités et leurs engagements de tous les jours et de chaque instant??? Je<br /> me suis souvent dit sur ce chemin que nous étions des "privilégiés" et d'autres me l'ont dit aussi. Je continue de le croire même s'il ya des moments difficiles à vivre. Et vous? tous ceux qui sont<br /> restés, qu'en pensez-vous? Georges <br /> <br /> <br />
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J
<br /> BRAVO et MERCI, sans oublier Dédée qui a fait la moitié du parcours avec un genou en vrac. Et comme disent les africains "bonne arrivée" chez vous.<br /> <br /> <br />
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